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un irrésistible besoin de vengeance, je souhaite que tu perdes la vue !

Le matin, mon corps était épuisé de fatigue, sans que j’éprouvasse l’envie de dormir ou de manger. L’exaltation de mon cerveau me soutint ainsi pendant cinq jours.

Le lendemain, j’allai voir le président de la cour de justice, homme très instruit dans les lois, et lui confiai ma position. Il me dit que, lorsque mon oncle avait reçu ma première lettre, il était venu le consulter, et qu’à la lecture de cette lettre, lui, ancien avocat, avait dit à don Pio de ne s’inquiéter nullement des prétentions que pouvait élever la fille de son frère, parce qu’elle n’avait droit à réclamer que le cinquième des biens laissés par son père.

— Mademoiselle, ajoutait-il, je n’ai jamais compris comment vous avez pu écrire une semblable lettre !… Don Pio lui-même en fut tellement surpris, qu’il la fit lire par un Français, craignant de s’être mépris sur le sens de son contenu. Cette lettre vous a perdue. On peut dire que vous-même vous vous êtes coupé la tête en quatre. M. le président m’engagea cependant à consulter un des meilleurs avocats, afin de n’avoir aucun reproche à me