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faire. J’en consultai deux, ils furent d’avis qu’il y avait matière à procès, tout en m’avouant que le succès en était douteux, surtout plaidant contre don Pio, dans un pays où la justice se vend. Mon oncle était la partie la plus intéressée, ayant eu un tiers de part en sus de la sienne pour les droits de sa femme, sans compter un legs de 100, 000 francs que ma bonne maman avait fait à Joaquina. Il était homme à sacrifier le quart, ou même la moitié, s’il le fallait, afin d’obtenir gain de cause. Ces deux avocats, pas plus que le président, ne purent rien concevoir à ma conduite. — Cette lettre, mademoiselle, me dirent-ils, cette malheureuse lettre vous ruine   ; encore si vous étiez venue avec une pièce qui constatât la notoriété du mariage de votre mère avec votre père, cela, ici, eût été considéré comme un véritable acte de mariage, et vous eussiez surmonté toutes les difficultés qu’on eût pu vous opposer. Je n’osais dire à ces messieurs que j’avais compté sur l’affection, la reconnaissance et la justice de mon oncle ; ils m’auraient crue folle ; je préférais passer pour une étourdie.

M. Le Bris arriva ; je le consultai sur ce que