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— Vous allez donc les manger, ces pauvres Aréquipéniens ?

— Dieu m’en garde ! je viens, au contraire, rétablir la tranquillité, encourager le travail et le commerce pour qu’ils aient de quoi manger.

— C’est un noble but, colonel ; je serais curieuse de connaître le système que vous avez l’intention de suivre pour l’atteindre.

— Notre système, mademoiselle, est celui de la señora Gamarra : nous fermerons nos ports à cette foule de bâtiments étrangers qui viennent à l’envi infester notre pays de toutes sortes de marchandises qu’ils vendent à de si bas prix, que la dernière des négresses peut se pavaner, parée avec leurs étoffes. Vous sentez que l’industrie ne saurait naître au Pérou avec une telle concurrence, et tant que ses habitants pourront se procurer de l’étranger, à vil prix, les objets de leur consommation, ils ne s’attacheront pas à les fabriquer eux-mêmes.

— Colonel, les industriels ne se forment pas comme les soldats, et les manufactures ne s’établissent pas non plus, comme les armées, par la force.