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se rendant d’Islay à Aréquipa. Je fis la route très bien et sans grande fatigue ; ensuite, ma santé s’étant améliorée, je me trouvai plus forte pour les supporter que lors de mon premier voyage. À minuit, nous arrivâmes au tambo. Je me jetai tout habillée sur mon lit, pendant qu’on préparait le souper. M. Smith possédait un talent miraculeux pour se tirer lestement des embarras du voyage ; il s’occupait de tout : de la cuisine, des muletiers, des bêtes, et cela avec une prestesse, un tact admirables. Cet Anglais était un jeune fashionable de trente ans, portant dans tout ce qu’il faisait la même élégance de manières ; et, jusque dans le désert, on reconnaissait le dandy de salon. Nous dûmes à ses soins de faire un très bon souper, après lequel nous restâmes à causer ; car pas un de nous ne put dormir. À trois heures du matin, nous nous remîmes en route. Le froid était si âpre, que je me couvris de trois ponchos. Quand l’aurore parut, je me sentis accablée par un sommeil que ma volonté ne pouvait vaincre, et priai M. Smith de me laisser dormir seulement une demi-heure : je me jetai à terre, et, sans donner le temps au domestique d’étendre un tapis, m’endormis si profondément, qu’on