bizarre sous laquelle apparaissait la ville, et mes pensées se succédant, je songeais que, libre et maîtresse de pouvoir m’associer avec un homme de mon choix, j’eusse pu y jouir d’une vie aussi heureuse que dans la plupart des pays de l’Europe. Ces réflexions m’attristaient, j’en étais émue. — Mademoiselle, me dit M. Smith, qui courait le monde depuis l’âge de seize ans, et ne concevait pas comment on pouvait tenir à aucun pays, ne regrettez pas Aréquipa : c’est une jolie ville sans doute ; mais celle où je vous mène est un véritable paradis. Ce volcan est superbe, et j’en voudrais voir un semblable à Dublin ; ces Cordillières sont magnifiques : cependant convenez qu’à ce voisinage doit être attribué le vent froid et volcanisé, qui rendrait atrabilaire le caractère le plus gai, le plus doux de toute l’Angleterre. Ha ! vive Lima ! Quand on ne peut pas être membre du parlement, avec 10,000 livres sterling de rente, il faut venir vivre à Lima. C’est ainsi que la gaîté naturelle et pleine d’esprit de M. Smith faisait prendre un autre cours à mes pensées.
En allant d’Aréquipa à Islay, on a le soleil par derrière et le vent en face ; conséquemment on souffre beaucoup moins de la chaleur qu’en