reconnue membre légitime de la famille, j’aurais rompu totalement avec des parents dénaturés, et repoussé même avec indignation le secours annuel qu’on m’accordait, comme pour m’empêcher de mourir de faim : mais je n’étais pas libre d’agir ainsi : je devais faire taire ma fierté et ne pas compromettre un secours qui, quoique insuffisant, m’était indispensable pour subvenir à l’éducation de mes enfants, à moins que je ne pusse acquérir la probabilité de gagner le procès ou d’arriver à une transaction. D’ailleurs, pour engager ce procès, il fallait de l’argent, et beaucoup d’argent. Lors de mon départ de Bordeaux, M. Bertera, cédant à la générosité de son cœur et à l’intérêt qu’il me portait, m’avait remis pour 5,000 piastres (25,000 francs) des lettres de crédit sur M. de Goyenèche d’Aréquipa ; de plus, à mon arrivée à Valparaiso, j’avais trouvé une lettre de M. Bertera, contenant un autre crédit de 2,000 piastres (10,000 francs) ; ainsi j’avais à ma disposition plus d’argent qu’il n’en fallait pour les frais judiciaires ; mais si je ne réussissais pas, comme il y avait lieu de le craindre, je restais endettée envers M. Bertera, et fort embarrassée pour le payer. La même raison m’empêchait également de profiter de l’o-
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