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vacité et de propreté. Voilà ce qui concerne la maison. Quant à l’hôtesse, oh ! c’est là le résumé d’une longue histoire ! de quarante années de la vie d’une femme agitée par des fortunes diverses, pendant lesquelles elle a eu l’occasion de tout connaître, de tout épuiser !

Madame Denuelle, tenant aujourd’hui un hôtel garni à Lima, n’est autre que la belle, la magnifique, la séduisante mademoiselle Aubé, qui débuta à l’Opéra, dans le rôle de la Vestale. Sa voix, fraîche, sonore, étendue, obtint, dans ce rôle, le succès le plus brillant ; ce furent des piétinements convulsifs, des applaudissements étourdissants à la première, seconde et troisième apparition de mademoiselle Aubé. Trois fois couronnée aux acclamations de l’enthousiasme public, la débutante, parvenue au faîte des grandeurs théâtrales, contracte un engagement de 15,000 fr. par an avec le directeur. Dans l’ivresse de sa joie, elle convie toutes ses connaissances à un banquet splendide. Ah ! ce fut là un jour de gloire et de bonheur ! que d’adorateurs n’eut-elle pas ? le son de sa voix vibrait dans tous les cœurs ; et l’on s’attendait