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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/341

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ne devraient pas être omis pour que le portrait fût ressemblant ; qualités d’autant plus remarquables qu’elles se rencontrent chez une femme dont la vie a été aussi dissipée. Mais les hommes ne tiennent compte aux autres que des qualités dont ils profitent.

Madame Denuelle avait alors cinquante-six ans ; elle ne paraissait pas en avoir plus de quarante. J’ai toujours pensé qu’elle se faisait plus vieille par coquetterie. C’est une femme de cinq pieds trois pouces, grosse en proportion, d’une belle carnation, ayant les cheveux très noirs, toutes ses dents, l’œil vif, hardi et méchant, les lèvres minces, le nez retroussé et la physionomie dure, d’une expression sardonique et arrogante. Elle est toujours mise simplement et avec une extrême propreté.

Madame Denuelle me prit en grande amitié. Comme je la connaissais d’après ce que m’en avaient dit MM. Chabrié, David et Briet, et pour en avoir entendu parler à d’autres, je me posai vis à vis d’elle, de manière à lui faire sentir que j’attendais d’elle plus d’égards que d’intimité. Tous mes chers compatriotes et même des Liméniens venaient me prévenir très officieuse-