Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
338

ment de me tenir sur mes gardes, si je ne voulais que madame Denuelle me menât à son gré ; mon sourire à ces propos manifestait assez que je n’avais pas peur de cette influence. J’en obtins effectivement moi-même une telle sur notre hôtesse, qu’elle n’osa jamais me faire une question, malgré son extrême curiosité. Jamais elle ne m’a appelée autrement que mademoiselle Tristan, lorsque plusieurs des messieurs de son hôtel et son mari même m’appelaient souvent mademoiselle Flora ; elle me raconta toute sa vie, toutes ses douleurs, et je suis peut-être la seule personne au monde à laquelle elle a eu le courage d’avouer qu’elle n’avait jamais été heureuse. Quoiqu’elle soit, ainsi qu’on le dit, d’une grande sécheresse de cœur, je me plais à attester ici que je connais deux ou trois traits de sa vie d’un sublime dévouement, et qui prouvent que son ame n’a pas toujours été inaccessible aux sentiments généreux.

Les Français sont beaucoup plus nombreux à Lima qu’à Aréquipa. La plupart s’occupent de commerce ; ils y ont quatre fortes maisons et une vingtaine d’autres en seconde ligne ; de plus, il existe un mouvement continuel de ca-