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souterrains et des oubliettes qui étaient destinés aux punitions sévères et aux malheureux dont on voulait secrètement se défaire. La salle des sentences est belle de cette expression qui convenait à sa terrible destination ; elle est extrêmement élevée ; deux petites fenêtres garnies de barreaux de fer n’y laissent pénétrer qu’un jour pâle et humide ; le grand inquisiteur siégeait sur un trône, et les juges dans des niches semblables à celles dans lesquelles on place des statues. Les murs sont revêtus, à une très grande hauteur, d’une boiserie dont la sculpture est admirable. L’aspect de cette salle est tellement lugubre, on y est si loin des habitations des hommes, les moines qui formaient ce redoutable tribunal avaient tant d’insensibilité dans la pose, qu’il était impossible que l’infortuné amené devant eux ne fût pas, en entrant, saisi d’effroi. Depuis l’indépendance du Pérou, la sainte inquisition a été supprimée ; l’on a établi, dans l’édifice qui lui était consacré, un cabinet d’histoire naturelle et un musée. La collection qu’on y a réunie se compose de quatre momies des Incas, dont les formes n’ont éprouvé aucune altération, quoique préparées avec moins de soin que celles