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nu. Depuis quelques années, la mode de porter de grands châles de crêpe de Chine, richement brodés en couleurs, s’est introduite. L’adoption de ce châle a rendu leur costume plus décent en voilant, dans son ampleur, le nu et les formes un peu trop fortement dessinées. Une des recherches de leur luxe est encore d’avoir un très beau mouchoir de batiste brodé garni de dentelle. Oh ! qu’elles ont de grace, qu’elles sont enivrantes ces belles Liméniennes avec leur saya d’un beau noir brillant au soleil, et dessinant des formes vraies chez les unes, fausses chez beaucoup d’autres, mais qui imitent si bien la nature, qu’il est impossible, en les voyant, d’avoir l’idée d’une supercherie !… Qu’ils sont gracieux leurs mouvements d’épaules, lorsqu’elles attirent le manto pour se cacher entièrement la figure, que par instants elles laissent voir à la dérobée ! Comme leur taille est fine et souple, et comme le balancement de leur démarche est onduleux ! Que leurs petits pieds sont jolis, et quel dommage qu’ils soient un peu trop gros !

Une Liménienne en saya, ou vêtue d’une jolie robe venant de Paris, ce n’est plus la même femme ; on cherche vainement, sous le