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courage, Dieu les avait fait aborder dans un pays enchanté. Ces écarts d’imagination ne paraissent pas invraisemblables, quand on est témoin des folies, des extravagances que ces belles Liméniennes font faire aux étrangers. On dirait que le vertige s’est emparé de leurs sens. Le désir ardent de connaître leurs traits, qu’elles cachent avec soin, les fait suivre avec une avide curiosité ; mais il faut avoir une grande habitude des sayas pour suivre une Liménienne sous ce costume, qui leur donne à toutes une grande ressemblance ; il faut un travail d’attention bien soutenu pour ne point perdre de vue, dans la foule, celle dont le regard vous a charmé : agile, elle s’y glisse, et bientôt dans sa course sinueuse, comme le serpent à travers le gazon, se dérobe à votre poursuite. Oh ! je défie la plus belle Anglaise, avec sa chevelure blonde, ses yeux où le ciel se réfléchit, sa peau de lis et de rose, de lutter contre une jolie Liménienne en saya ! Je défie également la plus séduisante Française, avec sa jolie petite bouche entr’ouverte, ses yeux spirituels, sa taille élégante, ses manières enjouées et tout le raffinement de sa coquetterie, je la défie de lutter contre une jolie Li-