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indissoluble ; sans qu’il faille ajouter à ces dangers en faisant intervenir la raison humaine avec son cortège de préjugés dans l’affection la plus désintéressée de notre nature. Ah ! la raison est encore plus féconde en déceptions que le cœur, et l’amour que Dieu y allume a, sans doute, plus de droits à nos respects que les vaines opinions que le monde extérieur fait naître dans notre cerveau. La contrainte, à cet égard, dont usent les parents envers leurs enfants, est le plus coupable abus de la force en même temps qu’elle est la plus insigne absurdité de la raison ; tuer la victime est moins criminel que de lui préparer un avenir de calamités ; lui commander d’aimer est le comble de la démence auquel la tyrannie peut parvenir.

Madame de la Riva-Aguero (Caroline Delooz) appartient à une des premières familles de la Hollande, où elle est née. Elle a reçu une éducation aussi brillante que solide ; et l’extrême convenance de son ton, ses manières à la fois simples et élégantes annoncent qu’elle a vécu, dès son enfance, dans la meilleure société. C’est une femme accomplie, si jamais être humain a mérité qu’on dise cela de lui. Lorsque je l’ai connue, elle avait environ trente ans ; fort jolie