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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/399

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vertu. Sa conduite est tellement exemplaire, que même la médisance des Liméniens n’y a pu trouver à redire. Lorsque je la vis, elle était mère de trois enfants, les plus beaux qu’on pût voir, et enceinte. Cette femme, par son ordre, son extrême économie et ses habitudes laborieuses, avait le talent de soutenir sa maison sur un pied honorable. Elle nourrissait et élevait elle-même ses enfants, faisait leurs vêtements et les siens, et soignait son vieux mari presque toujours malade ; elle excitait l’admiration de tous ceux qui la connaissaient. Ah ! si son père avait pu être témoin de toutes les larmes qu’elle a versées en secret, de toutes les angoisses dont son cœur a été déchiré, de quels remords ne serait-il pas torturé ! Mais ce père reçoit de sa fille des lettres dictées par un respect filial, qui fait taire tout autre sentiment. La jeune femme est trop pieuse, trop généreuse, pour vouloir, par ses reproches ou ses plaintes, troubler le repos de son père. Elle lui écrit qu’elle est heureuse, et le vieillard, bouffi d’orgueil, montre ses lettres et dit à tous que sa fille est présidente du Pérou.

Je tiens tous ces détails d’une femme de chambre, Hollandaise venue au Pérou avec