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main, nous allâmes visiter une des grandes exploitations du Pérou.

La sucrerie de M. Lavalle, la villa-Lavalle, située à deux lieues de Chorrillos, est un magnifique établissement, sur lequel se trouvaient quatre cents nègres, trois cents négresses et deux cents négrillons. Le propriétaire se prêta, avec la plus grande politesse, à nous la faire visiter dans tous ses détails, et se complut à nous donner l’explication de chaque chose. Je vis avec beaucoup d’intérêt quatre moulins pour écraser les cannes, mus par une chute d’eau. L’aqueduc qui amène l’eau à l’usine est très beau et a coûté beaucoup d’argent à construire par les obstacles qu’opposait le terrain. Je parcourus le vaste bâtiment où se trouvaient les nombreuses chaudières ; on y faisait bouillir le jus de la canne ; nous allâmes ensuite dans la purgerie attenante, où le sucre s’égouttait de sa mélasse. M. Lavalle me fit part de ses projets d’améliorations. — Mais, mademoiselle, ajouta-t-il, l’impossibilité de se procurer de nouveaux nègres est désespérante ; le manque d’esclaves amènera la ruine de toutes les sucreries ; nous en perdons beaucoup, et les trois quarts des