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celui des Romains, qui s’établit dans les Gaules après l’invasion des Germains ; en Espagne, après celle des Vandales. Les serfs y purent successivement se racheter avec le fruit de leur travail ; mais, en Amérique, l’esclave n’a pas une pareille perspective ; travaillant sous le fouet de l’inspecteur, il n’a aucune part aux fruits de ses travaux. Ce genre d’esclavage excède le fardeau de douleur qu’il a été donné à l’homme de supporter.

— Observez, je vous prie, que l’esclavage, ici, comme chez tous les peuples d’origine espagnole, est plus doux que chez les autres nations de l’Amérique. Notre esclave peut se racheter, et, parmi nous, le nègre n’est esclave que pour son maître. Si un autre le frappe, il se trouve dans le cas de légitime défense et peut rendre le coup ; tandis que, dans vos colonies, le nègre est, en quelque sorte, dans la dépendance de tout le monde ; il lui est interdit, sous les plus grièves peines, de se défendre contre un blanc ; s’il est blessé, le maître a bien droit à une indemnité pour le dommage qu’il en éprouve ; mais il n’est rien fait à l’auteur de la blessure. Ainsi, par vos usages, vous avez ajouté la perte de la sûreté à celle de la liberté.

— Je me plais à en convenir, les lois espa-