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jouer, il repoussa leurs avances et entra en négociation avec Santa-Cruz, président de la Bolivia, afin d’en obtenir des secours.

Telle était la position des choses, lorsque, le dimanche de la Pentecôte, 18 mai, deux compagnies se détachèrent du parti de Bermudez. À l’instant où la seňora Gamarra s’y attendait le moins, on vit don Juan Lobaton, major du bataillon d’Ayacucho, s’emparer de l’artillerie avec deux cents hommes, et faire entendre sur la place les cris de : Vive Orbegoso !… vive Nieto !… vive la loi !… Le peuple, qui abhorrait ces soldats, crut que c’était un stratagème de leur part, qu’ils agissaient ainsi afin d’avoir l’occasion de s’emparer des hommes qui les joindraient, et, dans son indignation, il se rua sur eux. Il y eut quinze à vingt personnes tuées dans la mêlée, parmi lesquelles était Lobaton, l’auteur du mouvement.

Quand le peuple vit les morts, le désordre fut au comble ; il se porta, dans son exaspération, sur la maison qu’occupait la seňora Gamarra, et la pilla ; dona Pencha avait vu venir l’orage, et s’était dérobée à la fureur populaire en se cachant dans une maison