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grand châle que je crains de brûler ou de salir avec la cendre de mon cigare. J’aime les vêtements commodes pour monter à cheval, supporter les fatigues d’une campagne, visiter les camps, les casernes, les navires péruviens : ce sont les seuls qui me conviennent. Depuis longtemps, je parcours le Pérou dans tous les sens, vêtue d’un large pantalon de gros drap fabriqué au Cuzco, ma ville natale, d’une ample redingote de même drap brodée en or, et de bottes avec des éperons d’or. L’or me plait ; c’est le plus bel ornement du Péruvien, c’est le métal précieux auquel son pays doit sa réputation. J’ai aussi un grand manteau un peu lourd, mais très chaud ; il me vient de mon père et m’a été très utile au milieu des neiges de nos montagnes. Vous admirez mes cheveux, ajouta cette femme au regard d’aigle : chère Florita, dans la carrière où ma conduite, mon audace, la force musculaire ont souvent failli à mon courage, ma position en a plusieurs fois été compromise ; j’ai dû, pour suppléer à la faiblesse de notre sexe, en conserver les attraits et m’en servir à m’armer, selon le besoin, du bras des hommes.

— Ainsi, m’écriais-je involontairement, cette