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mademoiselle, que vous vous figuriez, en venant ici, y voir la confusion que vous apercevez dans ma chambre lorsque vous passez devant ma porte.

— Pas précisément, commandant ; mais je vous avoue franchement que je ne m’attendais guère à trouver à votre bord un ordre aussi parfait.

— Permettez-moi de vous dire, mademoiselle, qu’à mon tour je suis surpris qu’une personne aussi sensée que vous montrez l’être en toutes occasions se soit hâtée de porter un jugement sur une chose qu’elle ne connaissait pas. À terre, dégagé de mes devoirs, je suis libre de me laisser aller à tous mes penchants ; ma conduite peut être réprouvée par quelques personnes qui mettent moins de franchise dans la leur ; cependant je ne sache pas que la mienne froisse aucun intérêt de la société. À bord, je suis le commandant de ma frégate, et je connais l’étendue et l’importance des obligations attachées à mon commandement : depuis quinze ans que j’ai l’honneur de servir mon pays, je puis dire n’avoir jamais omis une seule fois de remplir ponctuellement les devoirs qui m’étaient dévolus ; et pas un de ces mêmes officiers que