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sa constance héroïque, au milieu des souffrances sans nombre que l’infortunée avait eues à supporter, me la faisait paraître plus grande que nature, et j’éprouvais un serrement de cœur à voir cette créature d’élite, victime de ces mêmes qualités qui la distinguaient de ses semblables, forcée, par les craintes d’un peuple pusillanime, de quitter son pays, d’abandonner parents, amis, et d’aller, en proie à la plus affreuse infirmité, terminer sa pénible existence sur la terre d’exil. Une dame née au Cuzco, liée d’enfance avec dona Pencha, m’a raconté sur cette femme extraordinaire des particularités que je crois devoir intéresser le lecteur.

Dona Pencha était fille d’un militaire espagnol, qui avait épousé une demoiselle fort riche du Cuzco. Dans son enfance, elle se faisait remarquer, parmi ses compagnes, par son caractère fier, audacieux et sombre. Elle était très pieuse ; et, dès l’âge de douze ans, elle voulut entrer dans un couvent avec l’intention de s’y faire religieuse : la faiblesse de sa santé ne lui permit pas d’accomplir ce dessein. À l’âge de dix-sept ans, ses parents l’obligèrent à revenir dans la maison paternelle, afin d’y recevoir les soins que son état d’infirmité réclamait. La