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maison de son père était fréquentée par beaucoup d’officiers ; plusieurs la demandèrent en mariage ; mais elle déclara ne vouloir pas se marier, étant résolue de retourner à son couvent aussitôt qu’elle le pourrait. Le père, dans l’espoir de la guérir, la fit voyager, l’emmena à Lima, la produisit dans le monde, et lui procura toutes les distractions possibles. Néanmoins elle était toujours triste, et paraissait peu sensible aux plaisirs de son âge. Elle passa deux ans en voyages, revint au Cuzco, et, peu après son retour, renonçant à l’idée de se faire religieuse, elle choisit pour mari un petit officier laid, sot et le plus insignifiant de tous ceux qui l’avaient demandée. Elle épousa le seňor Gamarra, simple capitaine. Quoique d’une faible santé et presque toujours enceinte, elle suivit son mari dans tous les lieux où la guerre l’appelait ; et ces continuelles fatigues raffermirent tellement sa constitution, que, devenue très forte, elle fut capable de faire à cheval les plus longs voyages. Pendant longtemps, elle réussit à cacher la cruelle infirmité dont elle était atteinte, et qui allait toujours croissant ; Ce ne fut que lorsque, présidente du Pérou, sa vie devint l’objet de toutes les investigations,