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son règne ; mais elle avait des défauts qui en devaient restreindre la durée. Quelque brillantes que soient les qualités que Dieu nous a départies, elles sont appropriées à ses fins et non à celles de l’homme ; tous parfaits dans l’ordre providentiel, pas un de nous ne l’est relativement à aucun ordre social. Dona Pencha semblait, par son caractère, être appelée à continuer longtemps l’œuvre de Bolivar : elle l’eût fait si son enveloppe de femme n’y eût porté obstacle. Elle était belle, très gracieuse quand elle voulait, et possédait ce qui inspire l’amour et les grandes passions ; ses ennemis firent courir sur elle les calomnies les plus atroces ; et, trouvant plus facile de décrier ses mœurs que ses actes politiques, lui supposèrent des vices, afin de se consoler de sa supériorité. L’ambition occupait trop de place dans le cœur de dona Pencha pour que l’amour y eût un grand empire ; il ne fut jamais non plus l’objet de ses sérieuses pensées. Plusieurs des officiers qui l’entouraient devinrent amoureux d’elle ; d’autres le feignirent, croyant y trouver un moyen de s’avancer ; dona Pencha repoussa tous ses poursuivants, non avec cette indulgence de la femme pour l’amour qu’elle ne partage pas