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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/460

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« Est-il vrai, capitaine, que vous ayez dit à ces trois messieurs que vous étiez fatigué d’être mon amant ? » Le malheureux pâlit, balbutie, et regarde ses camarades avec terreur ; ceux-ci, immobiles, gardent aussi le silence. « Eh bien ! continue-t-elle, ma question vous a-t-elle fait perdre l’usage de la parole ? répondez… S’il est vrai que vous ayez tenu ce propos, je vais vous faire donner le fouet par vos camarades ; si, au contraire, ils vous ont calomnié, ce sont des lâches dont, à nous deux, nous aurons bon marché. » Il n’était que trop vrai que le propos avait été tenu par l’inconsidéré jeune homme. Elle fit fermer les portes, appela quatre grands nègres, leur ordonna de mettre l’officier en chemise, et exigea des trois autres officiers présents qu’ils fustigeassent leur camarade avec une poignée de verges.

Cette conduite n’était pas en harmonie avec les mœurs du pays qu’elle gouvernait, et devait nécessairement mettre tout le monde contre elle. En effet, dans une société où la plus grande indépendance existe entre les deux sexes, on ne croit pas à la vertu, dans le sens qu’on est convenu d’attacher à ce mot, en parlant des femmes, et les Péruviens se sentirent insultés par la façon