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d’agir de l’orgueilleuse présidente. Ce n’était pas non plus pour faire croire à une vertu, à laquelle elle ne tenait pas plus que les autres femmes du Pérou, que dona Pencha agissait de la sorte ; elle ne se fut pas offensée, dans la vie privée, des hommages adressés à ses charmes, et ainsi que les Liméniennes, eût été indifférente au nombre d’amants qu’on lui aurait supposé ; mais enivrée de sa puissance, se faisant illusion sur sa durée, l’orgueil des rois était passé dans son cœur ; elle se crut d’une espèce supérieure, et avant d’avoir consolidé sa domination, elle eut la susceptibilité d’une femme née sur le trône et fut également impérieuse. Dona Pencha n’avait guère plus de déférence pour le congrès que Napoléon pour son sénat-conservateur : elle lui envoyait souvent des notes de sa main sans même les faire signer par son mari. Les ministres travaillaient avec elle, lui soumettaient les actes du congrès et ceux de leur administration ; elle lisait tout elle-même, bâtonnait les passages qui ne lui convenaient pas et les remplaçait par d’autres ; son gouvernement enfin devint absolu en présence d’une organisation républicaine. Cette femme avait rendu de grands services ; son amour du bien public inspirait de la confiance,