ma femme pour 800 piastres, quand la sienne, ni celles des autres membres du gouvernement suprême, ne figuraient pas sur le bando pour un réal. Maître Baldivia a voulu répliquer, en disant « que la nièce de don Pio… » — Ici, me suis-je écrié, en l’interrompant avec véhémence, on ne doit pas voir la nièce de don Pio, mais seulement la femme du chef d’état-major Althaus ; et si les loups se mangent entre eux, ma foi, alors, au diable ! j’en jette la peau, et vais hurler dans une autre tanière. — En prononçant ces paroles, de ma douce voix, j’ai fait sonner mon sabre par terre et retentir mes éperons d’une telle force, que le moine a pris sa plume pour rayer le nom de ma femme. Le trouvant bâtonné, il a pincé les lèvres, a pâli, et son regard cherchait à pénétrer d’où provenait mon assurance ; mais, de même qu’à Waterloo, j’étais ferme comme un roc, et, le regardant en face, je lui ai dit : — Camarade, dans cette affaire, chacun de nous aura sa besogne : à vous de fabriquer les bandos qui extorqueront l’argent des bourgeois, et à moi de les faire exécuter. Je pense qu’en cette circonstance mon sabre sera aussi utile que votre plume. Le camarade a compris…, et je vous assure, Florita, que
Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/56
Apparence