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cette sortie soldatesque, comme vous allez la nommer, a fait un très bon effet.

Vers midi, ma cousine Carmen entra avec l’expression d’une joie concentrée :

— Florita, je viens vous chercher ; chère amie, levez-vous ; il faut absolument que vous veniez vous asseoir à la fenêtre de mon salon pour jouir avec moi du spectacle qu’offre la rue de Santo-Domingo, voilà de ces événements à faire figurer dans votre journal : j’ai déjà pris note pour vous des deux plus curieux. Vous allez vous envelopper dans votre manteau, vous couvrirez votre tête de votre grand voile noir, je garnirai le rebord de la fenêtre de tapis et de coussins ; vous serez là comme sur votre lit, et nous nous amuserons comme des reines.

— Mais, cousine, que se passe-t-il donc dans la rue de Santo-Domingo ?…

— Ce qui se passe ! le spectacle le plus amusant qu’on puisse voir ; vous verrez tous ces propriétaires, avec des sacs d’argent sous les bras, la figure pâle, allongée, allant comme des gens que l’on mène à un auto-da-fé. Ha ! venez vite, Florita ; dans ce moment nous perdons beaucoup.

Entraînée par ses instances, j’allai m’installer