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Carmen, qui le déteste, qu’il devait attendre la moindre consolation.

— Je vais voir, dit-il, si don Pio voudra me prêter de l’argent ; et il sortit.

— J’espère, Florita, que voilà d’excellents types à mettre sur votre journal ? Que pensez-vous de tous ces pauvres millionnaires ? Ne trouvez-vous pas que notre illustre parent, M. de Goyenèche, est bien à plaindre ? Son père est arrivé de Biscaye en sabots ; il était bête à manger du foin ; c’est en tout temps une qualité pour faire fortune ; et à cette heureuse époque, il ne fallait pas beaucoup d’esprit pour gagner de l’argent. Il en gagna énormément, se maria avec une cousine de votre grand’mère, une demoiselle Moscoso, qui lui apporta une riche dot ; l’un et l’autre, très avares, élevèrent leurs enfants dans ces bons principes, firent donner de l’éducation aux deux aînés, don Emmanuel et don Mariano, que vous connaissez. Emmanuel alla en Espagne, y servit comme militaire et obtint la confiance de je ne sais quel ministre, qui l’envoya au Pérou pour y soutenir la cause du roi ; quand cette cause fut perdue, il reçut la mission de recueillir tous les débris de l’ancienne splendeur afin de les faire