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passer en Espagne. Il exécuta cet ordre avec autant de rigueur que s’il eût été né Castillan ; il prit au Pérou tout ce qu’il put, traitant son propre pays, celui où son père avait fait sa fortune, comme un pays conquis. On n’a jamais su au juste combien il avait enlevé de millions aux Péruviens ; mais, ce qu’il y a de très sûr, c’est qu’il en a gardé une vingtaine pour lui ; vous voyez, chère amie, qu’on ne se ruine pas à faire les affaires du roi. Ce fut don Emmanuel qui fit nommer son frère évêque, et Mariano occupait aussi, par son influence, la place de juge à Lima ; il en fut chassé par San Martin, qui s’empara de tout ce qu’il possédait à Lima ; et, quoique riche encore de 100,000 livres de rente, il s’est fait donner, par le gouvernement espagnol, une pension de 20,000 francs à titre de dédommagement. Je ne vous parle pas des honneurs qui ont plu sur eux, les croix de Saint-Jean, de Saint-Jacques, les titres de comte de Guaqui[1], de grand d’Espagne, etc., et voilà ce don Juan qui vient pleurer misère parce que la république lui demande 6,000 piastres. Au diable puissent aller ces étrangers

  1. Le comte de Guaqui est actuellement auprès de don Carlos, avec la charge de grand-écuyer.