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tourner ses illustres chefs en ridicule, me rapportait jusqu’aux plus petits détails. La présomption, l’incapacité, l’incurie de ces hommes surpassaient tout ce qu’on en pourrait supposer. Emmanuel, de son côté, me confiait tout ce qu’Althaus ne se trouvait pas à même de savoir, en sorte que j’étais la mieux informée du pays. Si Nieto et Baldivia avaient été, par leurs talents, au niveau de leur position politique, certes, ils eussent pu, avec de l’ordre, de l’économie et de l’activité, satisfaire à tous les besoins du moment, au moyen des sommes énormes qu’ils avaient extorquées aux malheureux propriétaires ; mais l’argent obtenu sans peine se dépense avec prodigalité : il n’était pas de fautes, d’extravagances que ces deux hommes ne connaissent. Un navire arrivait-il à Islay, aussitôt le général faisait demander avec emphase quelles étaient les armes ou munitions qu’il apportait, et donnait l’ordre d’acheter immédiatement sabres, fusils, poudre, balles, draps, etc., etc., qui pouvaient se trouver à bord. On pense bien qu’avec cette manière de procéder la caisse fut bientôt vide. Baldivia n’agissait pas plus sagement, sans toutefois oublier ses intérêts personnels. Il fonda à Aréquipa un journal dont la