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vers l’évêque, que le prélat ne l’avait été lui-même pendant douze ans envers les malheureux que les devoirs de l’apôtre, les conditions que la ville lui avait faites, qu’enfin toutes les considérations sociales et religieuses lui imposaient la rigoureuse obligation de soulager.

Don José Sébastian de Goyenèche occupe, depuis quatorze ans, le siège épiscopal d’Aréquipa : il parvint à cette haute dignité par la toute-puissante influence dans les affaires du Pérou qu’avait son frère don Emmanuel, comte de Guaqui, très en faveur alors à la cour de Ferdinand. L’évêché d’Aréquipa rapporte annuellement près de 100,000 piastres ; mais l’évêque est obligé, d’après les conditions imposées par la ville en lui allouant cette somme, d’en distribuer une partie aux pauvres. Cette obligation, qui serait injurieuse au caractère apostolique d’un évêque, si la charité était infailliblement la vertu des prélats nommés par les cours, fut pour les malheureux d’Aréquipa une garantie insuffisante de la bienfaisance du señor de Goyenèche. J’ai déjà dit que le vice dominant de cette famille est l’avarice ; elle est chez l’évêque portée à une scandaleuse exagération !… non seulement il frustrait les pauvres des aumônes