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Ainsi qu’Althaus me l’avait annoncé, Baldivia fit paraître son second bando un mois après le premier ; cette fois, mon oncle Pio fut taxé à 6,000 piastres ; il se récria, mais il fallut payer dans la journée même : le bando portait que les retardataires seraient conduits en prison. L’évêque fut imposé à 30,000 piastres ! son frère à 6,000 et sa sœur à pareille somme, Ugarte à 10,000 : il en eut des accès de folie, et sa femme fut obligée de l’emmener à la campagne. Le pauvre Gamio faillit en mourir. Une de mes cousines, nommée Gutierrez, fut la seule qui montra du caractère ; elle s’opiniâtra à ne pas payer, et l’on ne put réussir à l’y contraindre. Toute la ville fut dans une telle exaspération, que Nieto n’osait plus sortir dans les rues ; et l’audacieux Baldivia, qui, depuis longtemps, se costumait presque toujours en bourgeois, jugea prudent de reprendre le froc. L’habit de moine a encore conservé de l’influence sur la populace ; et Baldivia s’inquiétait fort peu du ressentiment des propriétaires. Après avoir levé cette seconde contribution, qui ne fut pas mieux employée que la première, on fit une réquisition de chevaux, puis de juments, de mules ; et, à la fin, on enleva jus-