Page:Floran - Femme de lettres.pdf/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consentait, en attendant la réponse de sa femme.

Quelque prudente que fût son attitude, elle n’en imposait à personne. On lui en épargnait le témoi­gnage, mais nul ne doutait de l’exactitude des faits rapportés.

Cette expression de l’opinion publique, qu’il sentait, bien qu’on la lui tût, l’avait peu à peu pré­paré à la réponse qu’il reçut de la pauvre Valérie :

« Je vous pardonne, lui écrivait-elle, mais ne me demandez pas de reprendre la vie commune, même au loin, nous y emporterions ce qui, là-bas comme ici, serait toujours entre nous. À votre tour, pardonnez-moi. Vous savez si je vous aimais !…

« Aussi, épargnez-moi la torture de vous revoir pour un adieu qui me brisera le cœur. Je vous avais promis de vous attendre. Maintenant, je pars… Réglez nos affaires au mieux, je m’en rap­porte à vous. Jamais plus je ne reviendrai à Reims, où tout le monde sait. Temporairement, je vais à Cannes. Plus tard, quand je connaîtrai le lieu où vous vous fixerez, je choisirai ma résidence… bien loin de la vôtre ! Nous ne devons plus nous revoir, mais je ne puis me résigner à ne plus jamais savoir rien de vous. Vous m’écrirez deux ou trois fois l’an… comme faisait mon pauvre père. Adieu ! je n’ose même plus me souvenir de nos jours de sacrilège bonheur ni vous aimer encore !… »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Roland se soumit à la séparation. Comme Valérie le lui avait demandé, il régla leurs affaires d’intérêt, sépara sa fortune de la sienne. Il n’eût plus voulu toucher un centime de celle du mort. Puis il reprit du service dans l’armée coloniale et, pour toujours, quitta la France.

Valérie s’installa à Paris, immense océan où se cachent le mieux les misères humaines, de quelque nature qu’elles soient…