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RICHE OU AIMÉE ?

j’y suis, vous avez bien voulu le reconnaitre, bien noté, et je puis espérer arriver aux grades supérieurs. Au moral, vous le savez, ma tante, car vous me connaissez bien, je ne suis ni pire ni meilleur qu’un autre ; je ne me crois ni sot, ni de caractère difficile ; pour la vie en ménage, c’est à peu près l’essentiel… J’ai encore pour moi ma petite auréole romanesque de Breton et d’orphelin, et mon vieux nid à hiboux, qui de loin, de très loin, peut passer pour une terre. Au physique…

— Là, je vous arrête, beau neveu, fit Mme de Vauteur, l’interrompant en riant, car vous allez manquer ou bien de sincérité ou bien de modestie ; au physique, vous êtes bâti de façon à tourner toutes les têtes.

— Je ne demande pas mieux que de vous croire, répondit André très rondement, aussi je ne discute pas ; mais j’avoue que je ne me vois pas sous un jour aussi avantageux. Enfin ! j’en ai fini avec mon actif. Voyons mon passif, maintenant : une habitation croulante, ma solde, quinze cents francs de rente et le goût d’en dépenser cinquante mille par an, voilà la situation. Eh bien, je me tlatte oe l’espoir de rencontrer, un jour ou l’autre, une jeune fille dont l’actif représentera mon passif et dont le passif sera mon actif. Si elle consent à m’épouser, nous mêlerons les cartes et le jeu sera complet.

— Expliquez-vous, fit Mme de Vauteur, tout amusée, c’est un « sac » que vous cherchez. N’est-ce pas ainsi que l’on dit à présent ?

— C’est bien ainsi, en effet, mais je veux davantage ; pour ma part, il me faut un « sac » en satin rose pour le moins. Je vous scandalise, ma tante, laissez-moi m’expliquer. Je veux d’abord que ma femme soit riche. Mais je veux aussi qu’elle soit jeune, vertueuse, point sotte et elle serait jolie, que cela ne gâterait rien.

— Peste ! comme vous y allez ! Mais dans tout cela je ne vois guère le « passif ».

— Le passif c’est que ce sera la filled d’un épicier en retraite ou d’un boucher enrichi qui aura fait élever sa demoiselle dans le pensionnat à la mode ; si bien qu’il ne lui manquera plus, pour être