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RICHE OU AIMÉE ?

— Oh non ! je réclamerai le concours des personnes qui voudront bien s’intéresser à moi, le vôtre, ma tante.

— C’est que je ne suis guère compétente, mon pauvre ami.

— C’est-à-dire que vous n’avez pas, dans vos relations, de familles comme celles où je chercherai ma femme ; mais vous savez, ma tante, si vous trouviez mieux, quelque jeune fille de bonne famille, assez riche et assez généreuse pour être désintéressée, je ne me ferais pas prier. Je ne tiens pas autrement à l’épicière ou à la bouchère…

— Mauvais plaisant ! vous trahissez votre ambition. Au moins, puisque, d’avance, vous avez tout si bien réglé, avez-vous fixé le chiffre de la dot de votre femme ?

— Non, cela dépendra des charmes et des mérites qui lui seront adjoints, je jugerai d’après le total, répondit André en riant. — Sérieusement, ma tante, dit-il peu après, puis-je espérer que vous m’aiderez ?

— En tant que je le pourrai, assurément, mon cher enfant ; seulement, je vous le répète, je puis fort peu de choses. Jeanne serait plus à même, elle qui connaît tant de monde, de vous prêter appui. — Je compte bien le lui demander. — Mais, à propos, comment va-t-elle, ma chère cousine, elle, son mari, ses enfants ? Je n’ai pas encore eu le temps de m’en informer.

— Tous à merveille. Ils sont encore à Dieppe qui est très gai cette année, paraît-il. Pourtant, ma fille m’écrivait hier qu’ils partiraient d’ici quinze jours. Ce sera mon tour, alors, j’espère et j’en serai doublement bien aise pour vous, mon pauvre André, qui n’allez pas vous amuser ici, seul avec une vieille femme comme moi !…

— Voilà un point sur lequel je ne suis pas inquiet, ma tante, répondit le jeune homme très sincèrement.

Pour toute réponse, elle lui sourit d’un sourire oiarmant de condescendance résignée, mais non convaincue.