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RICHE OU AIMÉE ?

fortune, bien que, déjà, elle fût considérable. Aucun des raffinements d’un luxe de bon goût n’y était ignoré, et tout cela prenait, sous la main et la direction savante de la douairière, une allure discrète qui en rendait la jouissance plus accessible et plus délicate. André n’y était pas insensible, il aimait le bien, le beau ; à vrai dire, il y avait été habitué, et avait mené toute son enfance, et même toute sa jeunesse, la vie élégante dans ce qu’elle a de plus agréable. Ce n’était qu’à la mort de son père qu’il avait connu autre chose. Ainsi qu’il l’avait avoué à sa tante, s’il avait accepté passivement cette nouvelle situation, c’est parce qu’il ne la considérait que comme transitoire, et, lorsqu’il se retrouvait dans son ancien milieu, il était aussi heureux et à l’aise que le poisson dans l’eau.

C’était son état présent, chez sa tante, et il eût parfaitement suffi à son bonheur, sans les distractions que l’aimable femme cherchait à lui procurer. Elle avait mis ses chevaux à sa disposition, pour, s’il le voulait, parcourir le pays ; lui avait donné carte blanche pour accepter toutes les invitations qui pourraient lui être faites dans les environs, fort peuplés de voisinage, et même pour lui amener les amis qu’il y pourrait trouver. Depuis deux jours qu’il était là, André n’avait profité d’aucune de ces autorisations ; s’endormant en un farniente très doux.

Un matin, vers onze heures, avant le déjeuner, il lisait au salon, près de sa tante, à qui l’on venait d’apporter son courrier, lorsqu’un sursaut de celle-ci attira son attention.

— Par exemple, c’est un peu fort ! disait-elle.

Et, devant l’air étonné et interrogateur de son neveu, reprenant déjà son sourire, Mme de Vauteur poursuivit :

— Mon cher André, je m’inquiétais de la solitude à deux à laquelle vous vous étiez condamné, par charité pour moi ; mais voici du renfort qui m’arrive pour vous distraire. Ma belle-sœur de Lacourselle m’écrit qu’elle débarque ce soir, à la gare de Bloicy.

— Vous ne l’attendiez pas ? fit André très indifférent