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RICHE OU AIMÉE ?

mariage, n’était-ce point la Providence qui la lui envoyait ? Jeune, jolie, spirituelle, avait dit Mme de Vauteur ; elle n’avait pas parlé de sa fortune, mais, comment n’eût-elle pas été riche, puisque sa tante, la sœur de son père, l’était ? Et André, tiraillant sa longue moustache, se demanda, non sans un sourire, s’il n’allait pas être obligé de perdre le dernier mois de bon temps qu’il s’était accordé et de suite se mettre en frais pour conquérir son héritière. Puis cette idée le fit rire de lui-même. Est-ce que, rangé dans la catégorie des « à marier » il allait, entrant dans la peau de son personnage, devenir en même temps imaginatif et sentimental, tressaillir à tous les noms de jeunes filles que l’on prononcerait devant lui, et s’émouvoir rien qu’à l’éloge de leurs charmes ? Il ne se voyait pas bien, lui, le joyeux insouciant, dans ce rôle ; et, à la pensée qu’il le jouerait, sa gaîté naturelle vint chasser ses réflexions. Pourtant, quand cinq heures approchèrent, il monta s’habiller pour le dîner, car, si Mme de Vauteur dispensait son neveu, dans leur intimité, de l’habit noir, il n’en faisait pas moins, chaque soir, un peu de toilette. Ce jour-là, il lui vint l’idée d’étrenner un smoking tout neuf qui lui allait particulièrement bien et il se surprit choisissant, parmi ses cravates, un long nœud blanc qui lui avantageait beaucoup le teint. Au fait, qui savait l’avenir ?

Ainsi équipé, il descendit rejoindre sa tante, qui travaillait dans la galerie, à une interminable tapisserie.

— Que vous voilà joli, mon neveu ! remarqua-t-elle avec une pointe d’ironie.

— N’est-ce pas ? ma tante.

— Et pour qui cette recherche ?

— Pour vous, ma chère tante, pour vous seule.

— Comment ! pour moi ? eh bien ! alors, hier ?

— Pour ne pas vous humilier devant vos hôtes, ma tante, pour que vous n’ayez pas a rougir de votre neveu.

— Que vous savez bien arranger les choses ! fit la douairière souriant et menaçant André du doigt.

Elle n’allait pas s’en tenir là, mais une automobile