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RICHE OU AIMÉE ?

froide et positive. Allant beaucoup, avec sa mère, dans un monde très riche et très élégant, elle avait contracté, non seulement des habitudes, mais des appétits de luxe que sa position lui permettait à peine de satisfaire entièrement. Son mariage avec M. René Douchet d’Azas devait lui en donner les moyens ; ce fut la première séduction que le jeune homme opéra sur sa pensée. Il était physiquement et moralement comme tout le monde ; Jeanne n’en demandait pas davantage, et le comparant, avec ses qualités et défauts, aux autres hommes qui l’avaient recherchée, elle en vint facilement à conclure qu’à son point de vue personnel c’était le plus avantageux des partis qui se fussent présentés à elle. Elle le dit à ses parents ; M. de Vauteur, qui était un homme d’argent, accueillit très favorablement l’idée d’avoir un beau-fils quinze ou seize fois millionnaire. Mme de Vauteur hocha la tête, ce n’était pas le gendre de ses rêves, mais sa pénétration lui fit comprendre que, plus que tout autre, il était à même de donner à sa fille ce que celle-ci appelait le bonheur, et ne mit aucune opposition à ses projets. Deux mois plus tard, en une cérémonie exceptionnellement brillante, dont tout Paris parla huit jours, le comte René d’Azas épousa Jeanne de Vauteur.

La suite des événements tint ce qu’ils avaient promis. La comtesse d’Azas réalisa pleinement ce que son mari attendait d’elle, pas une porte ne resta fermée devant elle. De Douchet il ne fut plus question, et le comte René eut bientôt la joie de faire partie du groupe le plus select de Paris. Pour y tenir le rang qu’on lui avait accordé, il ne recula devant aucuns frais, l’élégance raffinée de la haute vie n’eut plus de secrets pour lui, et, par là même, le vœu de sa jeune femme fut, lui aussi, rempli. Elle avait ce qu’elle avait désiré, un train princier, une situation incontestée dans le monde à la mode, et toutes les jouissance » que peuvent procurer le luxe et la vanité. D’amour, de vie à deux, elle n’en avait pas demandé à son mari, qui ne s’était pas montré, sur ce point, plus exigeant qu’elle ; ils n’étaient pas plus l’un