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RICHE OU AIMÉE ?

les y conduirait ! Gisèle s’apercevait parfaitement de cette impression et, comme Figaro, elle s’empressait d’en rire pour ne pas être obligée d’en pleurer.

Un jour où elle avait été plus énervée que de coutume par la visible contrariété de sa cousine, elle ne put s’empêcher de dire à André, qui se trouvait près d’elle :

— Il faudra que j’insinue à maman de ne pas tant multiplier ses invitations à venir nous voir ; elle met Jeanne au supplice.

— Vous croyez ? fit André, qui, lui aussi, s’en était aperçu.

— Si je le crois ! Ici, nous faisons, dans ce cadre qui ne dépend pas de nous, assez bonne figure pour ne pas trop l’humilier ; mais quelle confusion d’avoir des parentes logées où et comme nous sommes ! Nous aurons peut-être bien une tasse de thé à donner aux amis de Mme d’Azas, mais ce sera loin du régime auquel elle les a accoutumés. Chez nous ; ce ne sont pas des meubles de peluche ou de soierie claire, que nous leur offrirons, et la comparaison, loin de l’enorgueillir par la suprématie qu’elle a sur nous, la rabaissera, selon elle ; la différence est trop grande.

— Quelles idées fausses ! dit André, je ne m’explique pas que la fille de Mme de Vauteur puisse les avoir.

— Elle ne ressemble guère à sa mère et, dépuis quinze ans qu’elle est mariée, son mari a eu le temps ne lui inculquer, même inconsciemment, ses sentiments. Elle s’est mise, par son mariage, dans une position légèrement difficile et, pour faire accepter partout le comte d’Azas, il a fallu qu’elle sacrifiât ce qui pouvait rabaisser sa situation. Elle l’a fait, sans hésiter, est parvenue à son but et persévère dans ses efforts pour s’y maintenir, c’est tout naturel.

— Vous trouvez cela ?

— Oui, étant admise la femme et son caractère.

André ne répondit pas.

Deux jours après, Mme d’Azas annonça, le soir, à table, d’un ton délibéré qui masquait mal son embarras, que le lendemain elle serait sans doute