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RICHE OU AIMÉE ?

en retard pour le dîner, qu’elle priait qu’on l’excusât et que, surtout, on ne l’attendît pas.

— Où vas-tu ? lui demanda sa mère ; tu me l’as dit, sans doute, mais je me perds dans le programme de toutes tes fêtes.

— Je vais rejoindre la duchesse de Manien dans les bois de la Saultaie. C’est très loin, vous savez ; puis il y aura un lunch, cela finira tard.

— Assurément, fit le comte moins adroit que sa femme, la réunion doit être très nombreuse et tout à fait « select » ; on dansera…

— Sur l’herbe ? fit la douairière.

— Sur l’herbe, s’il fait beau, répondit la comtesse un peu contrariée de tous ces détails. Oh ! une sauterie à peine.

— Comment une sauterie ? riposta son mari, ne comprenant pas son intention ; un bal, un vrai bal champêtre ; je suis sûr que ce sera, pour ce pays, le clou de la saison ; figurez-vous, ma mère, un véritable garden-party, en pleine forêt, organisé en commun par toutes ces dames ; elle ont rivalisé de soins pour rendre cette réunion charmante. On a installé des divertissements forains : chevaux de bois, roulettes et jeux de massacre, tirs au pistolet, etc. Tout cela dans un but de bienfaisance ; il paraît qu’un pauvre petit village des environs a été presque entièrement détruit par les flammes, et il s’agit de le reconstruire. L’œuvre est sous la haute direction de la duchesse de Manien, Jeanne est dame patronnesse, je suis moi-même commissaire.

— Comment va-t-on percevoir l’impôt pour les pauvres ? demanda Mme de Vauteur.

— On fera payer les jeux forains, l’entrée à la salle de bal, car, en cas de pluie, on a organisé une tente. Le lunch sera gratuit, ces dames se sont entendues pour le fournir.

— Et cette fête sera publique ? dit encore Mme de Vauteurr.

— Jamais de la vie ! les dames patronesses ont fait des invitations, pour notre part, nous en avons bien lancé cinquante.

La comtesse semblait de plus en plus mai à l’aise.