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RICHE OU AIMÉE ?

— Vous allez demain au bois de la Saultaie ? lui dit Gisèle.

— Bien sûr ! J’ai pour cela une robe toute neuve, que maman m’a commandée chez Honnet, comme la sienne.

— Alors, votre mère va se faire très belle ?

— Oh ! oui, papa a dit qu’il fallait qu’elle fût la plus élégante, et tout le monde sera en grande toilette.

— Vous le savez d’avance ?

— Oui, fit la fillette d’un air capable, j’en ai entendu parler ; c’est pour cela qu’on ne vous a pas invitée, cousine Gisèle ; maman avait peur que vous ne fussiez pas assez bien habillée.

— Que vous disais-je ? fit Gisèle à André.

— Oui, continua la fillette, et même maman disait, hier soir, qu’elle regrettait de ne pas vous avoir offert une robe, car vcus auriez fait alors très bonne figure, mais elle y a pensé trop tard.

— Voilà une aumône que je n’eusse pas acceptée, murmura Gisèle entre ses dents serrées.

Et l’enfant s’en étant allée :

— Eh bien ? fit-elle à André ; comprenez-vous une fois de plus pourquoi je veux être riche, riche à millions pour me venger du dédain de tous ces gens-là ?…

— Oui, fit seulement André.

Le soir, Gisèle avait repris son entrain, le nuage semblait être oublié. Lorsqu’on se sépara, elle dit bas à André, lui serrant la main, et riant :

— Je souhaite que demain il pleuve à verse !

— Méchante ! répondit-il, riant aussi.

Mme de Vauteur, elle, prit un instant sa fille à part :

— Ne crois-tu pas que ta tante et ta cousine soient un peu froissées que tu les élimines ainsi de la réunion de demain ?

— C’est possibie, ma mère, mais, que voulez-vous, je ne suis pas inféodée à elles, et il n’est pas question que, dans leur position, je les présente à la duchesse ; je ne puis pas non plus leur sacrifier mon indépendance, ni ma liberté d’action. Si elles se fâchent de ce que j’ai dit, tant pis car, après tout, j’y ai mis les formes.