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RICHE OU AIMÉE ?

patronnesse ne me permettraient pas de m’occuper suffisamment d’elle pour lui servir de chaperon.

— Je comprends parfaitement, Jeanne, dit Mme de Lacourselle, qui avait pour principe de ne jamais s’étonner ni se fâcher de rien ; du reste, je n’eusse pas aimé à laisser aller ma fille sans moi. Je suis un peu une mère couveuse, et, d’un autre côté, ma santé ne m’eût sans doute pas permis cette longue course.

Gisèle ne répondit rien, mais André s’aperçut qu’elle avait envie de pleurer.

Voulant avoir le fin mot de la chose, après l’avoir aidée à servir le café, il s’approcha d’elle.

— Ainsi, fit-il, vous n’êtes pas de la partie de demain ?

— Vous l’avez entendu, on ne veut pas de nous.

— Qu’en savez-vous ? Il est très possible que ce que vous prenez pour un prétexte soit la vérité.

— Allons donc ! D’abord, ma mère se porte à ravir, et eût parfaitement fait cette course. En admettant même que ma cousine n’ait pas voulu l’exposer à cette soi-disant fatigue, ne pouvait-elle pas m’emmener ? Elle prend bien Suzanne, je ne dois pas être plus difficile qu’elle à surveiller.

— L’institutrice ira.

— Pas du tout ! Ah ! laissez, je sais bien à quoi m’en tenir, on ne veut pas présenter à la duchesse, une nouvelle et flatteuse relation, les « parents pauvres ».

— Vous êtes pourtant bonne à voir.

— Il y a des gens qui le prétendent, peut-être pour me faire plaisir ; mais, qui sait, si ma figure est à peu près suffisante, ma robe ne le serait peut-être pas ?

— Je ne puis pas croire ce que vous dites.

— Vous ne pouvez pas ? eh bien, vous allez voir.

Et, comme ils étaient restés un peu isolés dans le hall, près de la table où le café avait été servi, alors que les autres personnes étaient retournées au salon, Gisèle appela la petite fille :

— Suzanne !

Celle-ci vint en remuant ses longues boucles blondes d’un geste coquet et étudié.