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RICHE OU AIMÉE ?

Ce qu’il aimait et recherchait près d’elle, c’était surtout Gisèle, et il préférait trouver la jeune filla seule, qu’au milieu des banalités de ses relations. Il se rendit pourtant de bonne grâce rue de Fleurus, d’abord parce qu’il avait ce tour d’esprit heureux qui fait accepter allègrement les corvées qui vous réservent, pour plus tard, la compensation d’un plaisir, ensuite parce qu’il se fiait aux raisons que Mme de Lacourselle lui avait données pour trouver son salon à peu près vide, sinon tout à fait.

Mais il avait compté sans les relations de ces dames, assez étendues pour qu’il y en ait en tout temps quelqu’une à Paris, et, déjà surpris lorsque, s’arrêtant à la porte du salon, il entendit le bruit de plusieurs voix, il le fut bien plus quand, étant ouverte, elle lui montra l’appartement plein de monde.

Gisèle n’avait pas trop dit à André en lui promettant mieux qu’à sa première visite ; il n’eût su détailler ce qui était changé, mais il trouvait au salon un aspect plus élégant et toujours d’aussi bon goût. Des draperies de peluche de teintes diverses s’attachaient au mur et s’épinglaient de photograhies, mille petits bibelots d’art ou de jolie fantaisie couraient sur la cheminée ou les tables, de grands rubans de couleur tranchée retenaient aux fauteuils des coussins ou des broderies originales, les dentelles des abat-jour surmontant les grandes lampes semblaient d’immenses et fantastiques fleurs écloses au milieu des magnifiques plantes vertes qui leur tenaient compagnie dans les encoignures. À un angle de la pièce était servie, très correctement, la table à thé, où bouillait le samovar d’argent. Debout, près d’elle, se tenait Gisèle, entourée de ses amies. Au bruit de la porte elle se retourna et, voyant André, eut toute la figure illuminée d’un clair et joyeux sourire. Elle continua pourtant à emplir ses tasses, et lorsque le jeune homme, après avoir salué sa mère, s’avança vers elle :

— Bonjour, lui dit-elle familièrement, vous arrivez à temps pour prendre le thé avec nous.

Et, dans sa simplicité accoutumée, elle lui désigna-