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RICHE OU AIMÉE ?

Malgré le sourire que tout ce verbiage avait amené sur ses lèvres, André ne put s’empêcher de rendre justice au tact parfait de la dernière allusion, et y répondit sérieusement.

— Je ne vois rien de ce que vous me dépeignez sous des couleurs si noires, madame, et rien de ce qui pourrait me retenir loin d’une maison où je reçois un accueil si cordial qu’il me rappelle celui de ma tante de Vauteur, à laquelle je le dois.

Gisèle eut sa lèvre relevée subitement en ce petit sourire de coin qui la faisait ressembler à sa spirituelle tante.

— C’est bien entendu, semblait-il dire, c’est le neveu de ma tante que nous accueillons.

Et ses jolis yeux doux et rieurs ajoutaient :

— Mais c’est aussi un charmant camarade que j’aime fort.

André pénétra parfaitement l’expression de sa physionomie si mobile et si parlante et, sans insister, se mit à causer avec son entrain accoutumé. Une heure passa vite et, lorsque la sonnerie d’un joli cartel Louis XV, appendu au mur, vint l’avertir qu’elle était écoulée, il eut un sursaut d’étonnement sincère et se leva.

— À lundi, n’oubliez pas, fit Gisèle, c’est le jour de maman et vous devez bien à son amour-propre cette réparation, après l’avoir surprise comme aujourd’hui !

— Oui, monsieur André, fit Mme de Lacourselle, je tiens à réhabiliter à vos yeux le pauvre petit coin que nous habitons ; seulement, je vous préviens que vous nous trouverez seules, sans doute, car nous n’aurons pas eu le temps de faire nos visites de retour et il n’y a presque personne à Paris encore.

— C’est évident, fit Gisèle, souriant à l’innocente manie de sa mère, ce ne sera pas encore complet, mais ce sera mieux ; à lundi donc.

C’était deux jours à attendre ; André n’eut garde de manquer au rendez-vous qui lui avait été donné ; à vrai dire, ce fut surtout par condescendance qu’il s’y rendit, il ne se souciait qu’à demi, si Mme de Lacourselle avait quelques visiteur, de lui voir leur faire les honneurs de sa personne