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RICHE OU AIMÉE ?

la subissait avec une bonne grâce qui était une habileté suprême, ne lui en était pas moins pénible. Elle-même était tout autre, avait une autorité dans le ton et le jugement, une assurance calme qu’André ne lui connaissait pas et qui, loin de la légère affectation habituelle, la transformaient à son avantage.

Le jeune homme, le remarquant, admirait la force de volonté de cette femme qui savait à l’occasion imposer silence à tous ses griefs et à tous ses sentiments, dans la poursuite de l’unique but de sa vie : le bonheur de sa fille. Au bout d’une demi-heure, il jugea convenable de prendre congé ; il retourna vers Gisèle, maintenant seule, debout, près de la table à thé que tout le monde avait quittée ; les jeunes gens sortaient en ce même moment du salon et, presque bas, André demanda à la jeune fille :

— Votre millionnaire en est-il ?

— Hélas non ! fit-elle d’un petit ton piteux très amusant.

— Et la mienne ? continua André, lui désignant les jeunes filles qui s’étaient rapprochées de leurs mères et de Mme de Lacourselle.

— Pas davantage !

Puis, tendant la main à André, la gaîté de la jeune fille reprenant le dessus :

— Patience, fit-elle dans un sourire, ils viendront !

VIII

L’intimité d’André et des dames Lacourselle ne fit qu’augmenter avec le temps. Ils profitaient, aussi bien les uns que l’autre, de toutes les circonstances qui pouvaient les rapprocher ; et le jeune officier devint le commensal assidu de la rue de Fleurus.

Gisèle l’y voyait toujours venir avec le même innocent plaisir. Le sentiment de Mme de Lacourselle, à son endroit, était plus compliqué. Elle