Page:Floran - Riche ou aimée, 1920.djvu/75

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était flattée de l’attrait qui l’attirait chez elle ; tout en se rendant compte que le principal était sa gentille Gisèle, elle avait conscience que le charme de son intérieur familial et de son accueil, d’une cordialité toujours égale, y entrait pour quelque chose, et cela lui était agréable. Il lui plaisait aussi d’avoir, dans son salon, à son jour, ce beau garçon décoratif, car il l’était, avec sa fière mine, son vieux nom et son esprit très moderne ; il lui faisait honneur, devant ses relations. Et, en dehors de tout cela, et de toute considération mondaine, André lui était sympathique, et elle lui savait gré des bons moments que sa gaîté faisait passer à Gisèle. Le revers de la médaille — sa prudence maternelle le lui montrait — c’était le risque, presque inévitable, qu’il y a à laisser vivre dans une intimité, qu’on a beau décorer du nom de fraternelle, deux jeunes gens qui ne sont pas destinés l’un à l’autre, et ce point était gros de plusieurs périls. Le premier, le plus grave, Mme de Lacourselle le jugeait formellement écarté par l’éducation qu’elle avait donnée à Gisèle : il n’y avait pas de danger que sa fille, très sérieuse sous son apparence de légèreté, s’éprît d’un garçon sans fortune, et Gisèle l’avait bien rassurée sur ce sujet.

Qu’André fût aussi invulnérable, Mme de Lacourselle avait trop foi dans les charmes de sa fille pour l’admettre sans restriction : pourtant, il avait fait une profession de foi si nette, qu’il était inadmissible qu’il se permît un jour de l’aimer, et Mme de Lacourselle croyait absolument à la puissance de la volonté sur les sentiments. Très positive, elle n’admettait pas la passion involontaire et n’y ajoutait pas foi ; elle ne redoutait donc rien de fâcheux pour André lui-même de son amitié avec sa fille. Restait l’impression que pouvait produire leur liaison. Cela l’inquiétait davantage, mais elle avait pris ses mesures pour qu’elle fût bonne. À toutes ses connaissances, elle parlait de M. de Chateaublon, le neveu de sa sœur de Vauteur, un bien charmant garçon, mais tout à fait sans fortune : elle l’avait connu à Bloicy et, comme sa belle-sœur le lui avait recommandé