RlurfE OU AIMÉE ? 75
prix ; elle y parvint, car, peu après, une grande jeune femme, très distinguée d’aspect, malgré la simplicité extrême de sa toilette, entra, suivie d’un homme qu’André reconnut justement pour son camarade d’Ulis.
Elle s’approcha de Mme de Lacourselle, et avec une amabilité parfaite :
— Ma tante, fit-elle, j’ai forcé la consigne ; pardonnez-moi, je sais que je suis dans mon tort et que ce n’est pas votre jour, mais, arrivée d’avant-hier, et dans l’impossibilité de faire déjà mes visites officielles, j’ai voulu, au moins, ne pas tarder à venir vous embrasser ainsi que Gisèle.
André la considérait attentivement et la trouvait charmante ; moins séduisante que Gisèle, mais tout enveloppée d’une grâce douce et pénétrante Elle n’était pas jolie à proprement parler, mais ses yeux bruns, splendides, attiraient tellement le regard qu’ils ne laissaient pas le temps de voir autre chose, dans son visage, ni de constater les imperfections des traits un peu irréguliers. Elle avait surtout ce je ne sais quoi des femmes de race qui, fussent-elles vêtues d’indienne, les ferait toujours deviner.
Elle resta peu de temps, causa agréablement avec une simplicité qui plut infiniment à André. Pour lui-même, qu’elle ne connaissait pas, elle trouva quelques mots aimables.
— J’espère que vous viendrez me voir, monsieur, dit-elle ; d’ici à quelques jours j’aurai une chaise à vous offrir ; pour un fauteuil il faudra sans doute attendre encore un peu, car nous ne nous installerons que petit à petit, mais j’aime à croire que cela ne vous effraiera pas.
— Eh bien, fit à André Gisèle, venant de reconduire sa cousine, comment la trouvez-vous ?
— Charmante.
— N’est-ce pas ? M. d’Ulis m’a encore fait meilleure impression que le jour de son mariage ; il est décidément très bien.
— Et ils ont l’air bien heureux ! remarqua André.
— Oui, riposta vivement la prudente Mme de Lacourselle avec un soupir très bruyant ; pauvres
