elle le recevait souvent. Aux plus » ".iuies, elle ajoutait confidentiellement : « Vous ne lui connaîtriez pas une femme ? ma belle-sœur voudrait le marier et m’a priée de m’en occuper ; il lui faut une millionnaire, par exemple. »
Ces précautions laissaient absolument hors soupçon cette intimité qui, sans renseignements préalables, eût pu paraître singulière ; et son ton même, qui était toujours celui d’une franche camaraderie, corroborait trop bien le dire de Mme de Lacourselle pour qu’on pensât le mettre en doute.
André venait au vu et au su de tout le monde, deux ou trois fois la semaine dans la maison, sans que l’on songeât à s’en étonner. Il était assidu au jour, mais, réalisant le rêve de son arrivée à Paris, bien souvent, le soir, il arrivait, sans être attendu, pour causer une heure ou deux sous la lampe où travaillaient Gisèle et sa mère, tout heureux de cette image d’une vie de famille qu’il ne connaissait plus.
Un jour de novembre, vers quatre heures, il entra en passant.
— Mademoiselle Gisèle, dit-il, je viens tout exprès pour vous annoncer une nouvelle, une bonne, celle de l’arrivée de votre cousine ; j’ai aperçu d’Ulis ce matin au quartier.
— Ah ! tant mieux, fit Gisèle, sincèrement contente, nous allons la voir tout prochainement, alors.
— Oh ! prochainement, dit sa mère, tu oublies, mon enfant, ses nouveaux devoirs ; il va falloir qu’elle s’installe, et, avec l’extrême modicité des ressources que nous lui connaissons, ce sera long et difficile, elle n’est pas près de faire des visites.
— Des visites de cérémonie, peut-être, fit Gisèle ; mais elle trouvera toujours un moment pour venir jusqu’ici, nous sommes trop liées pour qu’elle me néglige, et elle est aussi trop affectueuse pour le faire.
Et de fait, comme si, de suite, les événements eussent voulu donner raison à Gisèle, le timbre de la porte d’entrée retentit. À travers les cloisons minces, on entendit le colloque animé de la bonne avec une personne oui voulait être reçue à tout
