Page:Florian - Fables, illustrations Adam, 1838.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
livre iv.

Et, s’il faut vous parler selon mon sentiment,
C’est que je vois tout le contraire ;
Car ce nuage assurément
Ne porte point de grêle, il porte de la pluie.
La terre est sèche dès longtemps,
Il va bien arroser nos champs ;
Toute notre récolte en doit être embellie.
Nous aurons le double de foin,
Moitié plus de froment, de raisins abondance ;
Nous serons tous dans l’opulence,
Et rien, hors les tonneaux, ne nous fera besoin.
C’est bien voir que cela ! dit Lucas en colère.
Mais chacun a ses yeux, lui répondit Guillot.
— Oh ! puisqu’il est ainsi, je ne dirai plus mot,
Attendons la fin de l’affaire :
Rira bien qui rira le dernier. — Dieu merci !
Ce n’est pas moi qui pleure ici.
Ils s’échauffaient tous deux ; déjà, dans leur furie,
Ils allaient se gourmer, lorsqu’un souffle de vent
Emporta loin de là le nuage effrayant :
Ils n’eurent ni grêle ni pluie.