Page:Flotte - Blanqui et les otages en 1871, 1885.djvu/19

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publier la lettre de madame Antoine, sœur de Blanqui, à M. Thiers, et la réponse de celui-ci : On jugera de quel côté étaient les barbares.


À M. Thiers, chef du pouvoir exécutif.
Monsieur le Président,

Frappée depuis plus de deux mois d’une maladie qui me prive de toutes mes forces, j’espérais néanmoins en recouvrer assez, pour accomplir auprès de vous la mission à laquelle ma faiblesse prolongée me force aujourd’hui de renoncer.

Je charge mon fils unique de se rendre à Versailles pour vous présenter une lettre en mon nom, et j’ose espérer, Monsieur le Président, que vous voudrez bien accueillir sa demande.

Quels qu’aient jamais été les événements, ils n’ont en aucun temps prescrit les droits de l’humanité, ni fait méconnaître ceux de la famille, et c’est au nom de ces droits, Monsieur le Président, que je m’adresse à votre justice pour connaître l’état de santé de mon frère, Louis-Auguste Blanqui, arrêté, étant fort malade, le 17 mars dernier, sans que, depuis ce temps, un seul mot de sa part soit venu calmer mes douloureuses inquiétudes sur sa santé si sérieusement compromise.

Si c’est demander au delà de ce que vous pouvez accorder, Monsieur le Président, que de solliciter une permission pour le voir, ne fût-ce que pendant de courts instants, vous ne pourrez refuser à toute une famille désolée, dont je suis l’interprète, l’autorisation pour mon frère de nous adresser quelques mots qui nous rassurent, et pour nous, celle de lui faire savoir qu’il n’est point oublié dans son malheur par les parents qui le chérissent à si juste titre.

Veuillez agréer, etc.

Signé : Veuve Antoine, née Blanqui.
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La réponse ne se fit pas longtemps attendre. Elle est contenue tout entière dans la lettre suivante, envoyée aux journaux de Paris :