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qu’on le doit. Je suis plus républicain que vos amis qui sont à l’Hôtel de Ville. Comment ne comprennent-ils pas que les neuf dixièmes de la population de Paris sont contre eux ?

— Vous vous trompez, monsieur Thiers, les neuf dixièmes de la population de Paris sont contre Versailles. La haine contre les hommes qu’on rend responsables de la capitulation de Paris est immense. On ne prononce les noms du général Trochu, de Jules Favre, de Jules Ferry et de Jules Simon qu’avec horreur.

Cette première entrevue dura plus d’une heure ; je sortis de la préfecture, convaincu que M. Thiers ne voulait à aucun prix de l’échange proposé. Il avait ses raisons pour cela. Quant aux craintes qu’il avait manifestées pour M. Darboy, j’avais compris que ce n’était qu’une pure comédie.

Le lendemain 14, je me rendis, comme le chef du pouvoir exécutif m’en avait prié, à la préfecture, à huit heures du matin. Il était à la commission militaire : je l’attendis à peu près un quart d’heure.

En entrant il me dit que l’échange n’était pas possible, que rendre M. Blanqui à l’insurrection c’était lui envoyer une force égale à un corps d’armée, mais qu’il m’autorisait à dire à l’archevêque que les choses pouvaient changer d’un jour à l’autre, et qu’il n’oublierait rien pour le retirer de la fâcheuse position où il se trouvait.

Ceci n’était plus même de l’eau bénite de cour, c’était tout bonnement une sinistre plaisanterie, aussi grossière que cynique. Je fis observer à M. Thiers qu’il y avait d’autres prisonniers que l’archevêque à Mazas et que, s’il voulait consentir à rendre Blanqui, la Commune rendrait tous les otages. M. Thiers s’y refusa encore.

— Eh bien ! lui dis-je, voulez-vous me donner votre parole